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How the insurance sector can respond in a time of crisis
Countries around the world are taking unprecedented action to stem financial collapse due to COVID-19. Governments are acting as insurers of last resort, providing liquidity to both individuals and corporations in dire straits.
In these perilous times, the insurance sector itself will also be paying out claims, whether it’s to people who have experienced damage to life or property or to businesses and even to sovereign countries.
Insurance companies are designed to bring order and stability to precarious financial situations and they have the wherewithal to do so.
Catastrophe bonds
Like other financial players that have embraced innovation in recent years, insurers too have developed novel tools and products. One such innovation is catastrophe bonds.
A catastrophe bond provides the issuer (usually either an insurer or a reinsurer) with financial protection in case of a major catastrophe. Most catastrophe bonds cover extreme natural events such as hurricanes or earthquakes, but some bonds cover pandemics like the one the world is facing now.
Insurers need this extra layer of protection for themselves, because catastrophes typically hit a region very abruptly.In effect, when employing catastrophe bonds, insurers can access capital from large asset owners such as pension funds and other institutional investors. Insurers need this extra layer of protection for themselves, because catastrophes typically hit a region very abruptly.
This means that when a major disaster strikes, large amounts of money need to be disbursed suddenly, threatening the insurer with insolvency. Asset owners are willing to provide this coverage — for a premium, often hefty — because it can be an effective diversification strategy: earthquakes, hurricanes, and pandemics are essentially unrelated to global economic trends.
Catastrophe bonds are very specific in terms of the coverage they provide. Like other insurance products, they are binding contracts that specify exactly what perils are covered and when the funds are released or “triggered.”
Alternatively, a bond might be triggered to recoup some of the insurance payouts following the catastrophe, but only if they exceed a certain pre-defined dollar threshold. As in regular reinsurance, catastrophe bonds provide payouts in tranches, for example to cover the losses incurred by the issuer after the first $2 billion in losses, up until $2.3 billion in losses, following a specific extreme event.
To date, 1,069 distinct bonds within 648 offerings have been issued since the first one in 1997.
The first pandemic bond was issued in 2003, when Swiss Re floated a US$400 million offering to provide coverage against extreme mortality events such as war, terrorism, pandemics, or nuclear attack.
The bond would trigger if the mortality index (which measures annual general mortality in five countries, the U.S., the United Kingdom, France, Switzerland and Italy) exceeded 130 per cent of its baseline due to any of these scenarios.
Since then, a total of 27 additional catastrophe bonds have been issued with a pandemic component. To date, none of them have been triggered.
Who benefits when catastrophe strikes?
The use of catastrophe bonds, perhaps unsurprisingly, is controversial. One critique emphasizes the huge uncertainty inherent in attempting to quantify what are, by definition, very rare, unpredictable events.
Others have noted that catastrophe modelling is problematic in that it harnesses tacit knowledge shared within closed, opaque communities. In our research, we discovered that catastrophe models don’t function any better than guesswork, and seem to have become popular mainly because of the absence of high-return options in more traditional stocks and corporate bonds.
This controversy seems to be especially acute for pandemic bonds. For example, opining about the latest bond with a pandemic component — the Pandemic Emergency Financing Facility (PEF) sponsored by the World Bank — Lawrence Summers, the former U.S. treasury secretary, went so far as to call it “goofy” and an “embarrassing mistake.” After reading the 386-page prospectus, we agree.
That’s because, from a public welfare perspective — as we are all learning now — the speediness of response is crucial. The PEF states clearly in the prospectus that its purpose is “to help prevent rare, high-severity disease outbreaks from becoming pandemics.” This means that it should trigger and pay out before a disease like COVID-19 becomes a pandemic, not after.
In conclusion, some healthy skepticism is warranted when considering the social value of catastrophe bonds.
Conceptually, they can be a useful financial tool, but the devil is in the details: What exactly is written in the fine print? How accurately is the risk modelled? How big are the payouts to investors? How quickly are the funds disbursed?
A bond triggered by a World Health Organization declaration of a pandemic, with immediate payouts and large sums of money available, would be a bond with high social value. A bond that provides too little money too late — or none at all — is just financialization run amok.
Un outil précieux pour les assureurs
Considéré comme l’une des plus grandes menaces pour l’économie mondiale, le coronavirus fait des ravages financiers. Il a détruit 23 000 milliards de dollars en capitalisation boursière (au dimanche 22 mars 2020), suscitant des réactions spectaculaires de la part des gouvernements et banques centrales.
Par exemple, en exposant son plan d’un montant sans précédent de 4 000 milliards de dollars de liquidités de la Réserve fédérale (Fed), le secrétaire au Trésor américain Steven Mnuchin a déclaré dimanche que pour éviter une « crise financière qui va durer des années », le gouvernement devait agir rapidement.
Cela fait suite à des engagements similaires des gouvernements du monde entier pour injecter des liquidités et générer de la stabilité : la Banque centrale européenne pour 750 milliards d’euros, la Commission européenne pour 37 milliards d’euros, le Royaume-Uni pour 30 milliards de livres, le Canada pour 82 milliards de dollars canadiens.
Parallèlement aux interventions gouvernementales, le secteur financier offre un autre mécanisme d’octroi de fonds après une catastrophe : l’assurance. Que ce soit pour des particuliers, pour des entreprises, ou même pour des pays souverains, les compagnies d’assurance apportent un soutien financier en temps de crise.
En outre, le secteur des assurances dans son ensemble gère de vastes sommes d’argent et constitue une composante majeure du secteur financier, ce qui signifie qu’il souhaite lui aussi la même stabilité et la même prévisibilité sur les marchés financiers que les banques et les propriétaires d’actifs.
Comme d’autres acteurs financiers adoptant l’innovation et la technologie récemment, les assureurs ont développé de nouveaux instruments et mécanismes. Les « catastrophe bonds » ou « cat bonds » en sont un exemple.
Un cat bond est un produit financier qui fournit à l’émetteur (un assureur ou un réassureur) une protection financière en cas de catastrophe majeure, généralement une catastrophe naturelle telle qu’un ouragan ou un tremblement de terre, mais aussi une pandémie comme celle à laquelle le monde est actuellement confronté.
En effet, lorsqu’ils émettent des cat bonds, les assureurs peuvent accéder aux capitaux des marchés financiers et des grands investisseurs comme les fonds de pension, répartissant ainsi les risques sur les marchés financiers.
Les assureurs ont besoin de cette protection supplémentaire car les catastrophes sont souvent regroupées géographiquement et temporellement. Cela signifie que lorsqu’une catastrophe majeure se produit, d’énormes sommes d’argent doivent être versées en peu de temps, faisant risquer l’insolvabilité à l’assureur.
Les investisseurs sont prêts à fournir cette couverture – moyennant une rémunération, souvent élevée – parce qu’elle constitue une stratégie de diversification efficace : les tremblements de terre, ouragans et pandémies ne sont pas corrélés avec les tendances économiques mondiales.
Les cat bonds se caractérisent par leur grande précision en termes de couverture. Comme d’autres produits d’assurance, ils se matérialisent sous forme de contrats qui indiquent exactement les risques couverts et les modalités de déclenchement de la couverture.
Par exemple, tel cat bond serait déclenché si un tremblement de terre de magnitude x se produisait dans telle région spécifique de l’ouest des États-Unis au cours des trois années à venir. Certains cat bonds ne sont déclenchés que si les paiements effectués par l’assureur émetteur de l’obligation à la suite de la catastrophe dépassent un certain montant prédéfini.
Des produits critiqués
Comme dans la réassurance classique, les cat bonds fournissent une couverture pour un capital donné. Par exemple, une tranche couvrant les pertes subies par l’émetteur entre 2 et 2,3 milliards de dollars. À ce jour, 648 cat bonds ont été émis (pour un total de 1 069 tranches) depuis que la première a été lancée en 1997.
Parmi ces cat bonds, la première obligation couvrant une pandémie a été émise en 2003, lorsque la société d’assurance et de réassurance Swiss Re a lancé une offre de 400 millions de dollars pour couvrir des scénarios de risque de mortalité extrême tels que la guerre, le terrorisme, les pandémies ou les attaques nucléaires.
L’obligation aurait été déclenchée si la mortalité générale annuelle dans 5 pays sélectionnés (États-Unis, Royaume-Uni, France, Suisse et Italie) avait dépassé 130 % de sa base de référence en raison de l’un ou l’autre de ces scénarios. Depuis lors, 27 autres obligations pandémie ont été émises. À ce jour, aucune d’entre elles n’a été déclenchée.
L’utilisation des obligations catastrophes est controversée, ce qui n’est sans doute pas surprenant. Une critique souligne l’énorme incertitude inhérente à la quantification de ce qui est, par définition, des événements très rares et imprévisibles. D’autres ont dépeint la modélisation des catastrophes comme une sorte de vaudou, en ce sens qu’elle s’appuie sur des connaissances tacites partagées au sein de communautés épistémiques fermées, avec une surveillance et un contrôle insuffisants.
Dans une recherche que nous avons publiée récemment, nous avons découvert que ces modèles ne prévoient pas beaucoup mieux que le hasard et semblent devoir leur succès principalement à l’absence d’options à haut rendement sur les marchés traditionnels comme les actions et les obligations d’entreprises.
Le révélateur d’une finance devenue folle
Cette controverse semble être particulièrement aiguë pour les obligations pandémie. Par exemple, parlant de la dernière obligation comportant une composante pandémique, le Pandemic Emergency Financing Facility (PEF) parrainé par la Banque mondiale, Lawrence Summers est allé jusqu’à dire qu’il s’agissait d’une « erreur embarrassante » et d’un « pari terriblement risqué avec l’argent des contribuables ».
Une analyse de la documentation de 386 pages du PEF suggère que cette critique pourrait être justifiée. Du point de vue du bien public, la rapidité avec laquelle les fonds sont déboursés est un critère important, car la rapidité de la réponse, comme nous l’apprenons tous maintenant, est cruciale.
Un autre critère est ce qui déclenche exactement la réaction. Par exemple, la documentation du PEF indique que son but est « d’aider à empêcher que les épidémies de maladies rares et très graves ne deviennent des pandémies ». Cela signifie qu’il doit être déclenché et payé avant qu’une maladie comme le coronavirus ne devienne une pandémie.
En conclusion, une saine dose de scepticisme est justifiée lorsqu’on considère la valeur sociale des cat bonds. Sur le plan conceptuel, il s’agit d’un mécanisme plausible, mais le diable se cache dans les détails : qu’est-ce qui se cache dans les clauses ; le risque est-il modélisé avec précision ; quel est le montant des paiements aux investisseurs ?
Une obligation déclenchée dès que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) déclare une pandémie, avec des paiements immédiats et de grosses sommes d’argent disponibles, serait une obligation à forte valeur sociale. Une obligation qui fournit trop tard des sommes d’argent trop faibles – ou rien du tout – révèle une financiarisation devenue folle.